20.11.20
Découvrez la synthèse de notre indicateur hebdomadaire réalisé auprès de 1000 dirigeants de PME et ETI, en partenariat avec l'Entreprise DU FUTUR.
Alors que la deuxième vague de confinement bat son plein, 73% des entreprises prévoient une 3ème vague au premier semestre 2021, malgré l’arrivée potentielle d’un vaccin. Malgré cette anticipation, qui pourrait mettre à mal certaines sociétés si elle se réalisait, 40% d’entre elles n’ont toujours pas demandé de PGE, et 44% de celles qui en ont demandé ne l’ont pas encore utilisé.
Frédéric Porte, Directeur Général de Tignes Développement, fait lui aussi partie des entreprises qui ne comptent pas sur le PGE pour maintenir son activité. Malgré les incertitudes liées à la situation du secteur Tourisme, il reste confiant quant au redémarrage de ses activités dès la sortie de crise. Découvrez son témoignage, décrivant comment Tignes Développement place le client au centre de ses priorités.
Les chiffres clés de l'indicateur hebdomadaire
- Semaine du 16 au 20 novembre 2020 -
Découvrez l’interview de Frédéric PORTE, Directeur Général de Tignes Développement
Tignes Développement est la SEM (Société d’Economie Mixte) en charge de la promotion, de la commercialisation et de l’animation de la station savoyarde de Tignes. Elle gère la majorité des équipements d’accueil des sportifs et touristes : office de tourisme, station de ski, centre aqualudique, cinéma, centre des congrès, etc. Eté comme hiver, la société maîtrise de A à Z le parcours de ses clients, devenant le bras armé économique d’une destination très touristique.
Q : Comment l’entreprise Tignes Développement s’est-elle adaptée à la crise sanitaire ?
Frédéric PORTE : Durant cette période difficile, nous avons surtout appris à lâcher prise, à accepter cette forme d’incertitude qui nous concerne tous, au niveau du tourisme comme pour les autres secteurs. La clé est de rester concentré sur ce que nous pouvons faire à l’instant T, de s’approprier les informations dont on dispose et de les transformer en un plan d’action concret, même si c’est à court terme dans un premier temps.
Sécurisation des process, évaluation de la capacité de rebond, mise en place des directives gouvernementales : il faut mettre toute son énergie sur ce qu’on maîtrise. Gérer cette incertitude fait partie de nos compétences en tant que dirigeant ; savoir piloter une activité temporairement entravée est un nouveau défi !
Nous avons profité du premier confinement pour accélérer notre digitalisation, notamment au niveau de notre communication et de nos campagnes marketing. Les webconférences se sont multipliées, aussi bien en interne qu’avec nos partenaires et prestataires. Même si ces derniers apprécient de nous rendre visite à la station, il faut avouer que cela nous a permis d’instaurer un rythme plus régulier dans nos rendez-vous, notamment avec les sociétés les plus éloignées.
Q : Ce second confinement empêche à nouveau les voyageurs français et étrangers de profiter de vos installations. Comment gérez l’absence de rentrées d’argent pendant toute cette période ?
Frédéric PORTE : Notre Société d'Économie Mixte (SEM) gère plusieurs délégations de services public (DSP) et est financée en partie par la commune, avec laquelle nous établissons un budget à l’avance en fonction des projets attendus dans l’année. Nous avons pu temporiser la gestion du cash sans avoir recours au PGE, en reportant certaines dépenses prévues initialement. Il a ensuite fallu faire toute une gymnastique pour déplacer un certain nombre d’engagements, mais à court terme nous avons pu compter sur des budgets votés.
Cela nous a notamment permis de maintenir d’importants dispositifs pour l’accueil estival des clients, pour conserver notre niveau habituel de prestation, voire l’améliorer, ce qui a été plutôt payant. Malgré tout, nous sommes conscients que la réalité économique risque de nous rattraper en 2021. Les arbitrages faits par la collectivité seront sans doute plus difficiles.
Le Ministère de l’Economie a également établi une directive appliquée au secteur du Tourisme pour accompagner la première vague. Nous avions la possibilité de rembourser ou donner un avoir pour toute prestation non consommée. Etant gérant d’une agence de voyage, Tignes Développement est directement concernée. Sur certains dossiers de réservation, nous pouvons proposer un avoir de 18 mois, remboursable à la fin de cette période s’il n’a pas été consommé.
Cette mesure permet d’amortir la trésorerie sur notre activité d’agence de voyages, mais nous ne l’avons pas complètement activée. Avec le temps, nous nous sommes rendu compte que la gestion des avoirs est complexe sur un laps de temps aussi long. A l’annonce du second confinement le 29 octobre, nous avons décidé de ne pas avoir recours à cette disposition tant que notre niveau de trésorerie l’autorise. Nous remboursons directement les réservations : c’est plus simple pour nous, et plus rassurant pour le client.
Q : Quel regard portez-vous sur l’avenir de Tignes Développement ?
Frédéric PORTE : Aujourd’hui, notre niveau d’incertitude reste le même qu’en début d’année. Mais malgré le retard engrangé avec les périodes de confinement, nous avons des raisons de croire en une reprise positive. En effet, nous avons constaté cet été un très bon redémarrage, avec une fréquentation presque historique de notre région. De même, à la réouverture de la station à la Toussaint, beaucoup de personnes étaient présentes malgré le contexte un peu morose.
Concernant les réservations, nous avons décelé deux phénomènes. Il y a d’un côté les réservations de dernière minute, comme à la Toussaint, où les gens attendaient d’être sûrs de pouvoir partir avant de confirmer leur voyage. De l’autre côté, nous avons tout de même des réservations prévues de longue date : les vacanciers savent qu’ils pourront annuler leur trajet et être remboursés sans problème. A date, nous prévoyons 30% de nuitées en moins pour la saison, mais compte tenu de la réactivité du marché, nous pouvons nous attendre à tout.
Ces différents événements nous rendent confiants sur notre business model et quant à notre capacité à délivrer les bons services une fois la clientèle autorisée à revenir. Nous ne pourrons malheureusement pas rattraper le retard accumulé en 2020. Mais cela nourrit chez nous une forme d’espoir sur notre capacité à reprendre l’activité dans les mois à venir.
Il y a quelques temps, nous pouvions nous demander si les loisirs seraient toujours la priorité des Français. Nous sommes d’ordinaire très dépendants du marché étranger, et la population française a pris l’habitude de partir assez loin pour les vacances, même en hiver. Aujourd’hui nous voyons bien que les grands espaces, le sport, le bien-être sont au cœur des envies et sont devenus des valeurs refuges. Le pouvoir d’attraction de la montagne reste fort, permettant aux Français de la (re)découvrir, pour notre plus grand bonheur.