Découvrez la synthèse de notre indicateur hebdomadaire, mis en place durant la crise sanitaire liée au Covid-19, en partenariat avec l'Entreprise DU FUTUR.

R comme "Révolutionnaire" : pour les dirigeants de PME et ETI, HEROS de l’Entreprise du FUTUR, la pandémie du coronavirus et la période de confinement ont accéléré la nécessité d'engager des projets de transformation au sein de l'entreprise. Si pour 1 entreprise sur 4 la transformation digitale devient à court terme, un enjeu majeur pour pérenniser l'activité, la crise met également en évidence l'importance de faire évoluer son modèle économique.

Interview Elise Tissier du Lab de Bpifrance

 

Interview d’Elise TISSIER, Directrice du Lab de Bpifrance

Le Lab est un laboratoire d’idées créé en 2014, au sein de Bpifrance. Bpifrance Le Lab se donne pour mission d’améliorer la connaissance sur les PME/ETI en réunissant ceux qui font l’entreprise et ceux qui l’étudient. L’objectif : jeter un pont entre les entrepreneurs et le monde académique pour confronter les points de vue, enrichir la réflexion et ouvrir de nouveaux débats via des études stratégiques sur et pour les dirigeants de PME et ETI.

Chiffres clés indicateur RévolutionnaireQ : En introduction, quel est votre regard sur les évolutions qui s’accélèrent au sein des entreprises suite à la crise ?

Elise TISSIER : La digitalisation de l’économie transforme notre manière de consommer. Par conséquence, les habitudes de travail et de façon plus globale l’entreprise elle-même, sont impactées par cette évolution.

Le digital implique en effet de remettre le client au cœur de l’entreprise. L’« amazonisation » a créé de nouveaux standards et le client est aujourd’hui devenu très exigeant, notamment vis-à-vis de la qualité et de la rapidité de la réponse apportée à son besoin.

C’est une véritable tendance de fond qui s’accélère pour tous les secteurs d’activité. Et surtout une rupture majeure pour les entreprises, notamment au niveau de la culture française très attachée à la technique, aux expertises et aux métiers.

Or, au sein d’une entreprise, il est important de partager une vision à 360° sur le client pour être en capacité de lui répondre. Tous les services (supports et opérationnels) sont importants dans la manière de satisfaire le client et de délivrer de la valeur. L’entreprise ne doit donc plus être organisée par grands métiers, mais elle doit plutôt privilégier une approche « désilotée » et trans-métiers.

Q : Dans le cadre des études que vous menez au Lab de Bpifrance, avez-vous interrogé les dirigeants sur l’évolution des modèles économiques liée à la crise ?

Elise TISSIER : Nous avons un projet en cours sur la résilience des entreprises face à la crise. Nous avons également mené un travail sur « le monde de demain » qui nous a permis d’identifier 8 tendances de fond qui existaient avant la Covid-19 et qui se sont accélérées depuis.

Le point de vue que nous partageons avec les dirigeants est que cette crise rappelle à chacun à quel point nous sommes dans un haut niveau d’incertitude. La crise est et sera extrêmement difficile à gérer pour les entreprises qui ne sont pas en capacité de s’adapter, en termes d’outils comme de pratiques managériales.

La Covid a également fait changer de référentiel, en créant des liens de coopération et de solidarité dans certaines filières, comme par exemple, en payant les fournisseurs plus tôt que prévu. Cela ne va pas forcément s’appliquer à toutes les entreprises à court terme. Mais c’est une tendance de fond qui va toucher progressivement toutes les entreprises.

Nous avons en revanche identifié une tendance qui est nouvelle et révélée par la crise. Il s’agit de la sécurité sanitaire qui touche drastiquement au modèle économique et plus précisément aux canaux de communication et de distribution des entreprises.

Et pour finir, les dimensions du digital et de la transition écologique vont à leur tour orienter les modèles économiques, notamment au niveau de l’empreinte carbone et de l’impact du climat sur l’entreprise. Si nous prenons l’exemple du secteur agroalimentaire, il existe des zones qui sont de plus en plus touchées par les dérèglements climatiques (forte pluie ou sécheresse). Cela va impacter la production de matières premières et mettre en risque les approvisionnements des entreprises en bout de chaîne. Si le dirigeant ne veut pas se retrouver en difficulté dans quelques années, il doit intégrer ces éléments dans son modèle économique.

Q : Comment faire évoluer son modèle économique lorsque les capacités d’investissements sont mises en difficulté ?

Elise TISSIER : Il s’agit dans un premier temps de réaliser une réflexion stratégique. Avant la question de la ressource financière, il y a la question de « qu’est-ce qu’on veut faire ? ». Notre conviction et volonté chez Bpifrance est d’apporter les bons éléments de réflexion aux dirigeants.

L’objectif est d’avoir une bonne connaissance des grandes tendances qui se jouent pour mener cette réflexion. Il est important d’activer les bons réseaux comme Entreprise DU FUTUR, afin de se nourrir et d’aller chercher de l’inspiration auprès de ses pairs.

En dehors des ressources financières, la raison d’être de l’entreprise peut être un levier à activer. Lorsque vous donnez du sens à vos salariés et qu’ils le partagent, ils seront plus collaboratifs pour travailler à la refonte d’un modèle économique.

Q : Chez Bpifrance, quel est votre parti pris concernant l’accompagnement à l’évolution des modèles économiques des PME/ETI ?

Elise TISSIER : Chez Bpifrance et notamment au Lab, nous pensons que rien ne peut se passer sans le dirigeant. Il sera toujours au centre des projets stratégiques et des décisions. L’accompagnement est donc prioritaire et doit être très fort auprès des dirigeants, pour éviter au maximum qu’ils se retrouvent seuls face aux difficultés et challenges à venir.

A horizon 2023, Bpifrance accompagnera 4 000 entreprises via des accélérateurs, correspondant à des programmes de 12 à 24 mois avec trois composantes (formation, conseil et mise en réseau). Nous avons une batterie d’outils d’accompagnement pour permettre à ces dirigeants de rebondir et de se projeter dans les mois à venir.